Un corps plié en deux, ondulant dans un espace contraint…

Stéphanie Mwamba, dont la grande famille avait dû quitter le Kasai en raison de mouvements rebelles avant sa naissance, est née et a grandi à Goma, à l’est de la RDC. Une ville qu’elle a dû quitter en février, après la prise de la capitale du Nord Kivu par le M23…

L’histoire de Stéphanie a été façonnée par la violence d’un pays qui ne finit pas de sombrer…

Dans ce solo, elle explore l’utérus, Kizazi en swahili…

Origine de la vie, passage entre les mondes, l’utérus incarne depuis toujours les injustices historiques infligées aux corps féminins : violences sexuelles, assignations sociales, inégalités d’accès à l’éducation, à la santé, à l’expression artistique et politique.

Il est cet espace de lutte, de mémoire, de renaissance, cet espace de résilience, cet espace de forces et de douleurs, infinies.

Qu’est-ce que grandir femme à l’Est de la RDC, dans une région où depuis plus de 15 ans, le corps féminin devient un enjeu de pouvoir, un territoire à occuper, une zone de conflit, une terre à saccager et brûler ?

En juillet 2024, Stéphanie et d’autres jeunes femmes et activistes avait porté assistances aux femmes de la prison de Munzenze à Goma, quelques mois plus tard elles étaient violées et brûlées vives.

Seule sur scène, la danseuse puise dans la mémoire du corps féminin, de toutes celles qui sont venues avant, dans les rythmes organiques de ces corps, pulsations, contractions, ondulations, mais aussi des végétaux, racines, branches, sève.

Entre improvisation sensorielle et composition structurée, s’installe une gestuelle instinctive, âpre et fluide à la fois, tenace et irrémédiablement ancrée, à la terre, aux souffles des origines.

Dans Kizazi, la danse devient célébration pour les absentes, un acte de mémoire, un acte politique et poétique, acte réparateur, acte d’émancipation. Elle célèbre des femmes libres, puissantes, et porteuses d’une société plus juste.