Le 20 juillet 2012, la vie de plus de 2500 civils bascule lorsque le camp de réfugiés de Nahibly est pris d’assaut par une foule armée composée de chasseurs traditionnels, de militaires et de civils. Des centaines de disparitions et exécutions, des viols, des destructions…

Si la liste des massacres est longue dans l’histoire de mon pays, Nahibly constitue pour moi une tragédie à part. D’abord, par son ampleur et parce que l’attaque s’est déroulée en temps de paix sur un territoire sous protection onusienne. Ensuite parce que les victimes, originaires de l’ouest comme moi, auraient pu être des parents, des amis, des voisins…

J’ai grandi avec la guerre et la violence. J’étais adolescent lorsque la guerre a éclaté en 2002. J’entends encore les détonations, les armes étaient partout, je me souviens des visages apeurés, endeuillés.

Adulte, j’ai connu de nouveau en 2020 les incitations à la haine récurrentes, les violations des droits de l’homme, les violences et abus à l’approche des élections présidentielles.

Plus intimement, Nahibly fait aussi écho à mes propres deuils, à la perte de proches, qu’étrangement, malgré les années, je n’ai jamais pu accepter.

Combien de Nahibly doit-il y avoir pour que le cycle s’arrête ? Combien de générations faudra-t-il pour mettre fin à cette violence politique et sociale récurrente en Côte d’Ivoire ? Quels sont ceux qui pourront enfin écrire une histoire Again pour notre pays ?

La quête de justice des rescapés, la tristesse des parents de ceux tombés par hasard ou au nom d’une cause oubliée depuis longtemps, mon propre lien avec les miens qui ne sont plus m’interrogent sur la mort.

La mort renvoie-t-elle à ceux qui sont partis ou à ceux qui continuent à vivre avec la douleur ?

À travers une exploration documentaire et la construction d’un récit intime, Nahibly une histoire AGAIN aborde la question du deuil, de la perte d’un être cher. Comment survit-on au deuil ?

Et comment prendre soin des vivants ?